couvertes
par la mer, toujours sillonnées par plusieurs rivières,
dont le lit change presque à chaque marée, tant
le sol est plane et léger, il en résulte qu'il se
forme, ce que l'on nomme dans le pays, des lises, c'est à
dire des portions de grèves tellement molles, que l'on
a vu souvent le voyageur, qui ne les a pas aperçues, disparaître
en peu de temps, même avec son cheval, et être enterrés
tout vivans, à moins de prompts secours, qu'il est encore
bien difficile de donner, car, plus l'on s'agite, plus ces lises
s'amollissent, et présentent de facilités pour enfoncer
et se perdre. Ces grèves sont tellement imprégnées
d'eau, qu'en piétinant, sur celles, même, qui paraissent
les plus dures, on les fait bientôt s'amollir tout autour
de soi, et si cet exercice se prolongeait
plus
intéressante, pour celui qui la faisait, que son navire
s'était échoué aux environs du Mont Saint
Michel et s'enfonçait tellement dans la grève, qu'on
n'en voyait plus le pont. Cent ouvriers furent employés
sans relâche à le découvrir, ce ne fut qu
avec peine qu on parvint à le crever et à retirer
quelques marchandises du milieu des tangues,
dont ce bâtiment s'était rempli. La mer venant à
monter écarta les ouvriers, combla les fouilles, engloutit
le navire et, jusqu aux mâts, tout disparut.