duc
François, vous lui direz l'état horrible dans lequel
il m'a si cruellement abandonné, vous lui direz les maux
que j'ai soufferts, et ceux que je souffre par son ordre, et par
la plus criante des injustices. Je l'attends au jugement de Dieu,
je l'appelle, quarante jours après ma mort, devant sa suprême
justice, et cet appel, Dieu vous ordonne de le lui dénoncer.
Un sourd gémissement apprit au religieux que le prince
était retombé dans son cachot, épuisé
de fatigue, après les émotions qu'il venait d'éprouver,
aussi l'appela t-il, inutilement, plusieurs fois, à voix
basse. S'apercevant que le jour allait paraître, ce généreux
moine se hâta de regagner son couvent, où il se prosterna
au pied de l'autel pour demander à Dieu ses inspirations.
Les assassins, comptant sur l'effet du poison, entrèrent
de grand matin, le 24 avril 1450, dans le cachot du malheureux
Gilles. Comme la première fois, ils le trouvèrent,
à leur grand étonnement, sur son triste grabat,
encore existant. Voulant enfin terminer cet horrible drame, les
bourreaux lui passèrent une serviette autour du cou, et
l'étouffèrent. Ce fut bien facile, car il restait