Michel
accepta l'invitation avec un empressement facile à comprendre.
«Certes, non. cher Jean, répondit-il, je n'ai pas
peur. Je sais très bien que l'accident, qui aurait pu entrainer
ma mort, ne s'est produit que par mon imprudence : aussi, avec
ton père et toi, j'irai, sans crainte aucune, sur ces grandes
grèves dont le charme est attirant malgré tout.»
Rendez vous fut pris pour le lendemain à six heures; on
devait pêcher au bas de l'eau, c'est-à-dire lorsque
Ia mer est complètement retirée; elle le serait
vers huit heures.
«Il faudra que nous allions bien au-delà de Tombelaine,
expliqua encore Ie jeune Montois à son camarade; nous sommes
presque en grande marée et la mer découvre les sables
à plus d'une lieue du nord de l'île; mais, en attendant
le moment favorable pour trainer nos filets, nous visiterons ceux
que mon père tendra cette nuit entre Tombelaine et Genêts;
si, cornme il le croit nous y trouvons du gros poisson, nous le
laisserons en garde à Tombelaine, chez un pêcheur
de nos amis, afin de poursuivre plus facilement notre pêche
au bas de l'eau. "
Michel écarquilla les yeux.
«Est-il possible, s'écriat-il qu'on puisse prendre
autant de poisson? Dans mon pays, la Dyle, qui arrose Malines,
est certainement très poissonneuse;