Puis,
il se rendormit paisiblement,
C'était, en effet, un enfant de la Belgique, ce jeune garçon,
d'une douzaine d'années, qui venait d'être sauvé
presque miraculeusement. Il raconta, le lendemain matin aux religieux
de la maladrerie du Gué-de-l'Epine, qu'il était
originaire de Malines. Il s'appelait Michel Moorissens et était
orphelin. Il avait été élevé par un
oncle, marchand drapier à Lille, aussi parlait-il couramment
un bon français. La mort de ce parent et des revers de
fortune l'avaient contraint à revenir en Brabant et à
se placer comme tisseur chez un industriel de la Raemstraete,
non loin d'un couvent de Pères Capucins, dont la chapelle,
dédiée à saint François
d'Assise, possédait une belle statue de saint Michel
"du Mont en Normandie", offerte par un groupe de malinois,
venus en 1457, au Mont-Saint-Michel, Une force invincible l'attirait
vers ce sanctuaire (1); il résolut de s'y rendre, mais
il ne voulut pas partir eu cachette et malgré l'avis de
ses patrons; il leur fit part de son projet; ils lui objectèrent
la longueur du chemin, les dangers
1.
Cette force invisible poussait, déjà, vers le XIVème
siècle les petits bergers ou pastoureaux à venir
au Mont-Saint-Michel : «En 1333,
rapporte Dom Jean Huynes, une chose admirable advint. Une innombrable
multitude de petits enfants vint, au Mont, de divers pays lointains.
Ils assuraient qu'ils entendaient des voix célestes : "VA
AU MONT-SAINT-MICHEL". Aussitôt, poussés d'un
ardent désir et sans rien dire il personne, ils laissaient
leurs troupeaux parmi les champs et marchaient droit au Mont.
Dom Huynes, Hist. Gén, Édition de M .. E. de Beaurepaire,
I, page 102. Voir aussi notre avant-propos