d'accord
sur la longueur de la coudée; on ne saurait donc traduite
exactement les 200 coudées du manuscrit d'Avranches, connu
sous le nom de manuscrit du chanoine et dont la date, au surplus,
n'est pas bien fixée; toutefois, étant donné
que la bibliothèque du Mont possédait plusieurs
ouvrages scientifiques de savants orientaux, il n'est pas trop
téméraire de prendre la coudée du manuscrit
211 pour la coudée arabe soit 0m,48; ce chiffre est supérieur
de 18m,40, à celui indiqué par l'architecte Corroyer
(78m,60) et qui doit être tenu pour exact.
Cette différence (moins de 20 mètres) peut aisément
s'expliquer, la cime du Mont ayant été écrêtée,
quoiqu'en disent certains écrivains, lors des travaux des
abbés Hildebert et Robert de Torigni; de plus la mesure
était-elle prise de la même base? On ne connaissait
pas, au Moyen Age, les cotes établies d'après le
niveau moyen de la mer ou celui des hautes et basses eaux; il
est bien probable que la hauteur était calculée
de la base du rocher au niveau des grèves; or les sables
s'exhaussant progressivement autour du rocher par suite de dépôt
de la tangue
(colmatage), sa hauteur apparente était ainsi diminuée.
« Le Mont Saint-Michel s'enfonce, chaque jour, dans les
sables », disait, au XVIIe siècle, un de ses naïfs
annalistes.
En 1775, des géomètres plus ou moins qualifiés
mesurèrent le Mont et lui assignèrent une hauteur
de 385 pieds, soit 125m,43 de la base du roc à l'extrémité
de la lanterne. En 1820, Blondel lui