verdure,
il aimait à voir serpenter la Sienne faisant sa coulée
lente entre les rives herbues des prairies doucement vallonnées.
Sa messe dite, il se complaisait à poursulvre quelques
travaux de jardinage et, justement, ce matin là, un matin
de février, il avait repris gaîment sa bêche
pour remuer Ia terre de son clos, que la neige avait jalousernent
recouvert durant une affreuse saison. Dieu merd, depuis une semaine,
le temps devenait plus doux et l'humidité qui semblait
tiède après les piquantes gelées, était
propice pour l'épandage des engrais sur les terres ensemencées;
tes cultivateurs des environs avaient bon espoir pour la saine
venue des blés d'hiver; aussi le bon chapelain profitait-il
d'une matinée plutôt douce pour soigner son courtil.
Déjà il avait chargé d'un excellent fumier
les planches des légumes; déjà il avait donné,
avec de grands ménagements, un peu d'air à ses carottes
et, ne redoutant plus de fortes gelées, il entrevoyait
prochain le temps où il pourrait tailler les arbres fruitiers,
les groseilliers à grappes, les vignes en treilles, les
poiriers même. Cependant, si la nature était calme
et reposée, quels terribles événements ne
se produisaient-ils pas dans cette Normandie ensanglantée
par les luttes continuelles entre les rois
de France et. d'Angleterre ? Depuis
plus d'un quart de siècle, la domination des gens d 'Outre-Manche
s'était particulièrement appesantie sur le Cotentin
et l'Avranchin, La guerre était devenue une véritable
chasse aux paysans. Des rôdeurs sans aveu, formant ce qu'on
appelait des