gibecière
[pera) un manuscrit de toute rareté, un petit volume qui
avait passé par de nombreuses mains ; la pluie, la sueur
et la poussière des routes l'avait fort détérioré
et bientôt il serait illisible ; c'est pourquoi il sollicitait
de l'abbé du Mont la faveur de faire copier par un de ses
scribes ce volume vénérable.
L'abbé interrogea l'étranger.
Il n'eut pas de peine à reconnaître que cet individu
appartenait à l'une de ces bandes, plus ou moins honnêtes.
qui s'introduisaient dans les monastères, y recueillant
souvent, d'abondantes aumônes, en racontant des histoires
extraordinaires et édifiantes, dont ils prétendaient
avoir été les héros. Ils se disaient, généralement,
des miracules, affirmant avoir été guéris
des maladies les plus graves et les plus cruelles, grâce
à l'intercession des saints
particulièrement honorés dans le monastère
qu'ils visitaient. Othbert raconta alors, avec une incroyable
volubilité et une mimique souvent grotesque, l'aventure
terrrible dont il avait été le héros en 1021,
dans la petite ville de Colebige sur le Wisper (aujourd'hui Kôlbigh,
duché d'Anhalt près de Bernburg).
L'église de Kolbigh était consacrée à
saint Main, lequel était très populaire dans toute
la contrée. La veille de Noël,
une bande de vingt-six hommes dont il était hélas
! le chef, avec un nommé Thierry et une femme appelée
Mersuit, avait passé le temps à chanter et à
boire et avait refusé d'entrer dans l'église pour
assister au divin sacrifice, Le prêtre les