Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

-Vous resterez seul, mon père ?
-Je resterai seul.
-Tirez au moins votre épée.
-J'ai juré par le nom de Dieu que je ne tirerais pas mon épée.
-Mais cet homme qui est dehors monte, monte !
-Il descendra. Va, ma fille. Reine obéit. En ce moment, la tête de l'assiégeant dépassa la muraille. Il jeta un regard au-dedans de l'enceinte. La nuit était obscure à cause des nuages opaques et lourds qui couvraient la lune levante. L'homme d'armes ne vit rien. Il se tourna du côté de la grève et dit tout bas :
-Avancez ! Les objets noirs qui rampaient sur le sable accélérèrent aussitôt leur mouvement. Il y avait du temps déjà que monsieur Hue de Maurever voyait ces taches noires sur le sable.
Pendant qu'il faisait sa prière, Aubry, succombant à la fatigue de trois nuits passées au travail, s'était endormi. Le vieillard, à genoux devant sa croix de bois, prolongeait son oraison, parce qu'il y avait eu en lui un doute poignant et un cruel remords.
Son oeil, habitué à la vigilance, interrogeait la grève par l'une des meurtrières percées dans sa tour. Tout en priant, il veillait.
Longtemps il ne vit que l'ombre vague, du sein de laquelle s'élançait comme un géant debout la masse du monastère de Saint-Michel.
Aux croisées et meurtrières du couvent les lumières s'étaient éteintes l'une après l'autre, et le vent d'ouest avait apporté comme un écho perdu le son de la cloche du couvre-feu.
Ce fut alors que, pour la première fois, Hue de Maurever aperçut au loin, par une échappée de lune, l'approche menaçante de l'ennemi.
Car, pour un vieux soldat, il n'y avait point à s'y méprendre.
Chaque siècle a son défaut dominant. Le nôtre ne peut point, assurément, s'accuser d'un excès de courage chevaleresque. Mais en 1450, l'esprit des preux n'était point mort tout à fait. Tout homme de guerre, malgré le progrès de l'art des batailles, gardait un peu cette confiance orgueilleuse en sa vaillance isolée, qui était le fond même de l'ancienne chevalerie.
L'âge n'y faisait rien. Ces témérités n'allaient point mal aux cheveux

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