Le
roman de Brut, père de tous les poèmes chevaleresques,
assigne au mot Tombelène cette dernière étymologie.
C'est parce qu'Artus trouva là un tombeau de la nièce
de Hoël, déshonorée et immolée par le
perfide géant espagnol, que le mont s'appela Tombelène
: Tumba Helenae.
«Del tombe ù sî cors fu mis
A tombe Hélaine c'est nom pris.»
Les historiens et les antiquaires prétendent par contre
que Tombelène vient de Tumba-Beleni.
Il faut laisser aux antiquaires et aux historiens le plaisir de
développer leurs thèses respectives.
Ce qui est certain, c'est que Tombelène a sa chronique
comme le Mont-Saint-Michel : seulement, sa chronique est plus
vieille.
Tombelène se mourait déjà quand saint Aubert
vint fonder la gloire du Mont-Saint-Michel.
C'était sur le rocher de Tombelène, parmi les ruines
des fortifications anglaises, que monsieur Hue de Maurever avait
trouvé un asile, après la citation au tribunal de
Dieu, donnée en la basilique du monastère.
On ne sut jamais comment Hue de Maurever s'était procuré
l'habit monacal, on ne sut pas davantage comment il avait obtenu
l'entrée du choeur au moment de l'absoute.
Enfin on s'expliqua difficilement comment il avait pu disparaître
devant tant de regards ouverts, gagner l'escalier des galeries
et fuir par cette voie si périlleuse.
Il avait fui, voilà ce qui n'était pas douteux.
Le procureur de l'abbé, le prieur des moines et toutes
les autorités du monastère s'étaient mis
à la disposition du prince breton pour retrouver le fugitif.
Méloir avait fouillé le jour même tous les
recoins des bâtiments claustraux, toutes les maisons de
la ville, tous les trous du roc.
Peine inutile.
L'aventure devait finir mystérieusement, comme elle avait
commencé.