restait
diaphane au-dessus des pignons.
Dans l'abbaye devenue mienne, je me reposais volontiers à
l'intérieur du cloître. J'apportais souvent un livre;
il me plaisait de méditer là l'histoire de Saint
Michel et du pèlerinage à son monastère.
Pour être l'historien de l'archange, un Voyant suffirait
à peine; car il faudrait avoir conçu, au delà
des temps, le mystère de la scission formidable entre les
bons anges et les rebelles,
entre Michel clamant : « Qui
est comme Dieu ? » et le défi de Lucifer: «
Quo non ascendam ? »
Michel est, avec Gabriel et Raphaël, un des trois anges dont
les hommes sachent le nom. Quand on veut songer à lui,
un obstacle retient d'abord, presque un effroi. Entre nous, chair
infirme et un Esprit pur, le prince de la milice céleste,
quel contact est possible? Pourtant, si les anges n'ont point
de corps palpable, ils peuvent appliquer où ils veulent
la vertu de leur libre essence, se manifester, agir dans l'espace,
sans interrompre l'éternel