On
traversait les grèves. Le duc, assez loin des corps de
troupes, n'était accompagné que d'un petit nombre
de serviteurs. Il paraissait soucieux, peut être sa conscience
lui parlait elle de son malheureux frère. Un moine, un
cordelier, s'était placé sur une petite dune de
sable près de laquelle passait le sentier que l'on suivait.
Lorsque François se fut approché de la dune, le
religieux renversant le capuchon qui lui couvrait le visage, lui
adressa la parole en ces termes : Monseigneur, j'ai quelque chose
à vous dire, qui vous touche, cela est de très grande
conséquence. Parlez, mon révérend père,
répondit le duc, en ôtant son casque pour le mieux
entendre, et faisant signe à sa suite de s'écarter.
Êtes vous de Saint Michel ? continua le duc, ai-je oublié
quelqu'un des vôtres ? Je donne à l'autel de votre
Vierge vingt écus d'or, pour le luminaire et à vous,
je ... Il n'est question ni de moi ni de ce monde, Monseigneur,
lui dit le moine. Puis, prenant un ton grave et sévère
: François, duc de Bretagne, mon Seigneur, lui dit il,
j'ai ouï en confession Monseigneur Gilles, votre frère,
peu de jours avant son trépas, lequel me chargea de vous
annoncer que