Saint-Pair,
moine de l'abbaye du Mont Saint-Michel, vivant au XIIe siècle,
sous Robert de Thorigny, abbé de ce Mont. Ce trouvère
a fait, en vers français, l'histoire
de la fondation de cette abbaye, de ses abbés, et de
ses miracles. M. de la Rue reconnaît que ce poème
offre de l'intérêt sous plusieurs rapports.
D'abord, dit-il la, description qu'il nous fait de l'antique position
du Mont présente des détails géographiques
et géologiques. D'après le poète, cette montagne,
aujourd hui entourée par la mer, l'était jadis par
une forêt très renommée, qu'il appelle Quokelunde,
et l'on pouvait facilement aller d'Avranches au Poëlet et
à la cité de Ridolet. J'ignore, dit M de la Rue,
la position de ces anciens lieux, probablement engloutis par la
mer, mais je crois assez aux détails historiques que donne
le poète. Il écrivait sous les yeux de son abbé,
Robert de Thorigny, annaliste instruit et peu crédule.
Voici les vers, rapportés par M de la Rue, tirés
probablement de l'ouvrage même :
Desous Avranches vers Bretaigne
Qui tous tems fut terre grifaine
Est la forêt de Quokelunde
Dunt grant parole est par le monde
Ceu qui or est mer et areine
En icel tems ert forest pleine