une
heure du matin, elle n'était pas encore de retour et la
mer montait.
Les femmes entrèrent à l'église et se mirent
à prier, les hommes montèrent sur le rempart, poussant
des cris, frappant sur des poêlons, jouant du tambour, de
la trompette, tirant des coups de fusil pour guider les égarés
par le son.
A deux heures et demie, on entendit comme un grand vent sur les
grèves; c'était le flot qui arrivait.
La cloche se tut, les cris cessèrent; seuls on entendait
le chant des femmes dans l'église et le bruit de la mer
qui clapotait sous les remparts.
- Ils sont morts, dit un pauvre père. (Les sept absents
avaient dans la petite ville père, mère, femmes
et enfants.)
Le reste de la nuit se passa dans les larmes. - Courage, disait
Monsieur le Curé (alors il n'y avait plus de moines), courage;
Saint Michel est bon et puissant; priez !
A l'aube, Ie brouillard dissipé, tandis que la cloche sonne
le glas, des groupes se répandent sur la grève à
la recherche des cadavres peut-être laissés par la
mer sur les paumelles. Tandis qu'on cherchait les corps, les sept
marins se trouvaient en Bretagne, sains et saufs.