LES LIZES
Papa - Les marées ne sont pas, en effet, le seul danger
des grèves; il y a encore les lizes ou sables mouvants.
Sous la grève, il existe des nappes d'eau, des courants
recouverts de sable. Ce sable reste sombre et humide; un objet
y est englouti aussitôt que jeté. Il est d'autres
lizes d'aspect solide. Gare à celui qui s'avance ! Il est
perdu ... Les pieds s'enfoncent, l'on fait effort pour se dégager
et plus on s'agite, plus on s'enlize.
Le seul remède serait de s'étendre par terre les
bras en croix pour offrir plus de résistance et d'attendre
du secours.
Marie - Oh ! papa, quelle frayeur pour celui qui se voit enterrer
tout vivant !
Papa - Dis plutôt: quelle terreur. Lentement la Iize aspire
sa victime, le sable monte des chevilles aux genoux ... à
la ceinture ... aux épaules, bientôt la bouche s'emplit
... les yeux se ferment, tout disparaît.. Ce supplice peut
durer un quart d'beure ... quart d'heure d'angoisse pour l'enlizé
... quart d'heure d'angoisse aussi pour ceux qui, des remparts,
le voient disparaître.
Alain - Ne peuvent-ils aller à son secours ?