suisse,
nommé Schwartz, emprisonné on se sait pourquoi ;
en 1788, pris de désespoir, il se porta sur la tête
un terrible coup de bouteille. Il ne survécut pas à
ses blessures. Enfin, nous apprend le manuscrit de l'abbé
Desmond, "le monastère servait non seulement de prison
d'Etat, mais aussi de prison pour certains religieux dont la vie
n'était pas édifiante" (1). Au moment de la
Révolution, il y avait au Mont, 20 religieux dont plusieurs
avait été relégués en raison de leur
inconduite. Ils ne pouvaient y dire la messe.
Quand les évènements de juillet 1789 furent connus
au Mont Saint Michel, l'enthousiasme s'empara non seulement des
habitants de la petite ville, mais aussi des religieux
de l'abbaye. Le prieur Dom Ganat et le sous prieur Dom Aurore
"se firent une joie, rapportent les historiens locaux, d'ouvrir
eux même au cri de la liberté les portes de ces froides
demeures à un nombre considérable de citoyens."
L'exagération est évidente. Des relations dignes
de foi démontrent que les cachots du Mont renfermaient
alors une douzaine d'individus, détenus non pas en vertu
de lettres de cachets, mais bien pour raison de santé ou
d'ordre public.
Ce fut à partir de la période révolutionnaire
que le Mont Saint Michel
compte le plus de prisonniers et de 1793 à 1863, on peut
affirmer que quatorze mille personnes y furent enfermées.
Au moment où le Mont, débaptisé s'appelait
d'abord le Mont Michel, ensuite le Mont
Libre, plus de deux cent cinquante prêtres, malades
ou infirmes, appartenant aux diocèses d'Avranches, de Coutances
et de Rennes et qui avaient refusés de prêter le
serment, y furent détenus et durement traités (2).
Parmi eux, on peut citer Dom Dutour, professeur à l'abbaye
et Dom Curton, cellerier
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(1)
Manuscrit de l'abbé Desmond (1765-1897). Bibliothèque
du Grand Séminaire de Coutance. Consulter également
Sarot : Les tribunaux Révolutionnaires dans la Manche.
(2) On nous a rapporté l'anecdote suivante : Un prêtre
d'Avranches, M. Briand, avait réussi à dissimuler
un bréviaire ; il circulait prudemment de mains en mains
; mais les doigts laissèrent aux feuillets une telle ...
trace que les rats, alléchés par l'odeur, dévorèrent
une nuit le pauvre bréviaire.
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